Page 6 - Yarkand
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Histoire de la route de la Soie


       La Route de la Soie était un réseau de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe allant de Chang'an (actuelle Xi'an) en Chine jusqu'à
       Antioche en Syrie. Elle doit son nom à la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie, dont seuls les Chinois connaissaient le secret
       de fabrication. Cette dénomination de « Route de la soie » est due à un géographe allemand du XIXe siècle.

       Les caravanes partaient de Xi'an, empruntaient le corridor du Gansu puis contournaient le désert du Taklamakan par le nord au pied des
       hautes montagnes des Tian Shan ou par le sud au pied des Kunlun ; ces deux routes étaient jalonnées de villes et caravansérails : au nord,
       Ürümqi, Turpan, Korla, Kuqa, Aksu, Kashgar et au sud Dunhuang,  Niya, Hotan et Yarkand. À partir de Kashgar et Yarkand, les pistes rejoi-
       gnaient la Perse ou l'Inde à travers les hautes montagnes de l'Asie centrale Pamir et Karakoram, puis par la Sogdiane (Samarcande, Boukhara,
       Merv), la Bactriane ou le Cachemire. Peu de caravanes effectuaient l'intégralité du trajet et les marchandises étaient revendues le long de la
       route dans les oasis qui devinrent des centres de commerce très prospères.

       Historiquement, on considère que la Route de la Soie a été ouverte par le général chinois Zhang Qian au IIe siècle avant notre ère ;  l’empereur
       l'avait envoyé sceller une alliance avec les tribus situées à l’ouest du désert de Taklamakan. Alexandre le Grand s’était arrêté bien avant d’atteindre
       le Turkestan chinois. Les Romains, qui n’étaient pas mieux renseignés, étaient convaincus que les Sères (« peuple de la soie »', les Chinois) ré-
       coltaient la soie sur les arbres. Les Parthes, les Sogdiens et les Indiens devinrent rapidement les principaux intermédiaires dans le commerce
       de la soie entre l’est et l’ouest, achetant le tissu aux marchands chinois qui l’acheminaient jusqu’à Dunhuang, et le revendant aux Syriens et
       aux Grecs. Chaque transaction augmentait considérablement le prix du produit qui aboutissait dans l’Empire romain par le biais d’intermé-
       diaires grecs et juifs.

       La soie ne représentait qu’une petite partie du commerce effectué sur la Route de la Soie. Les caravanes qui partaient vers l’est emportaient
       de l’or, des pierres et des métaux précieux, des textiles, de l’ivoire et du corail, alors que celles qui allaient en Occident étaient chargées de
       fourrures, de céramiques, de cannelle et d’armes en bronze.

       L’importance de ces nouveaux liens terrestres entre Orient et Occident se mesurent également aux idées et aux croyances véhiculées par les
       hommes qui accompagnaient ces caravanes. L'impact des pensées religieuses et philosophiques de l'Inde, de l'Asie centrale et du Moyen-
       Orient allait être immense tant en Chine que dans les autres pays de l'Asie ; en particulier, le bouddhisme introduit au début de l'ère chrétienne
       connut une expansion rapide le long de la Route de la Soie et de nombreuses grottes et monastères furent construits dans les oasis ; l'âge d'or
       du bouddhisme prendra fin en 845 lorsque l'empereur hostile aux religions étrangères les interdira. On a du mal à imaginer que des monastères
       bouddhiques dominaient autrefois la vie culturelle d'Asie Centrale.
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